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Houston : le colloque des écoles françaises en Amérique du Nord; Un réseau d'établissements en pleine croissance10-16 mars 2001Propos recueillis par Jean-Louis TURLINL'Association des Ecoles Françaises en Amérique se réunit cette semaine au Texas pour son colloque annuel. Depuis sa création en 1984, elle ne cesse d'accueillir de nouveaux établissements - ils sont 41 aujourd'hui. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes de croissance. Crise de croissance? Peut-être. L'AFSA (Association of French Schools in North America) doit affiner sa mission au fur et à mesure qu'elle grandit. Gérer aussi l'évolution de ses rapports avec l'autorité de tutelle française, c'est-à-dire l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger (AEFE), entité représentant à la fois le ministère de l'Education nationale et celui des Affaires étrangères. A la veille de la réunion de Houston, nous avons demandé à sa présidente, Ghislaine Hudson, de faire le point des objectifs et des défis. F-A .- Parlez-nous de l'AFSA: sa nature, son histoire, sa raison d'être, ses activités, ses objectifs.Ghislaine HUDSON. - L'AFSA/AEFA existe depuis 1984. Elle réunissait alors à San Francisco les chefs d'établissements des 4 écoles « de la baie ». De leur rencontre naissait l'idée d'une association des établissements français et bilingues d'Amérique du Nord. Le premier colloque a donc eu lieu à San Francisco l'année suivante et le bureau présidé par Anne-Marie Pierce, directrice actuelle de Washington International School consacrait la création officielle de l'association. Dès sa deuxième année d'existence les responsables culturels français d'Amérique du Nord et des personnalités de l'Education Nationale se sont jointes à nos travaux : citons Jean Garbe en 1986 (Affaires étrangères), Jean Levy en 1986 (Education nationale) et dès 1988 des représentants de l'Inspection générale dont, quelques années plus tard madame Geneviève Becquelin, doyenne de l'Inspection générale. Dès 1991 l'AEFE nouvellement créée envoyait un représentant et en 1992 son directeur Jean Garbe. Les sénateurs élus des Français à l'étranger, soit Jacques Habert, André Maman, Monique Cerisier ben Guiga, ont toujours fidèlement suivi nos travaux, souvent accompagnés des représentants élus locaux du Conseil supérieur des Français de l'étranger. Très rapidement, l'AFSA/-AEFE a démontré une extraordinaire vitalité concrétisée par 20 établissements membres dès 86 et 41 en 2001. Ces chiffres, en constante évolution, recouvrent des réalités très différentes:sections françaises des établissements américains ou internationaux, écoles d'entreprises, établissements conventionnés (18) ou homologués (23). L'AFSA constitue un ensemble très hétéroclite. En quoi est-ce que lesétablissements qui la composent, si différents les uns des autres, s'y reconnaissent? Quels sont les points qui les rapprochent au sein de l'association? Quelle est la recette d'un tel succès envié partout puisque notre association d'écoles françaises et bilingues est unique au monde? Nos écoles sont extrêmement diverses, surtout dans leur mode de gestion et le type de convention qui les relie à la France, mais elles partagent une mission éducative commune centrée sur le système éducatif français et ses valeurs. Elles s'enrichissent aussi de leurs relations avec le système éducatif du pays d'accueil. Elles ont donc à ce titre un important besoin de se regrouper, de se ressourcer ensemble, d'échanger des pratiques et des expériences vécues, de coopérer dans le respect de leur diversité. Les thèmes de leurs rencontres sont pédagogiques: le projet d'établissement dans un établissement à l'étranger, la mise en place des cycles, le baccalauréat et son option internationale, l'aprentissage du français dans un milieu bilingue... ou ce sont des thèmes liés à nos problèmes spécifiques de gestion : le statut des expatriés, les visas, les avantages sociaux, le recrutement, les budgets, les nouvelles technologies etc.. Enfin, ce réseau est une association de collègues, et très souvent d'amis. La convivialité de nos rencontres, l'esprit d'entraide qui s'est rapidement développé entre les directeurs et gestionnaires ont permis l'intégration rapide des nouveaux (les personnels expatriés ne sont en poste que quelques années) et le succès de nos rencontres. Quels rapports l'AFSA entretient-elle avec les instances éducatives françaises et comment ont-ils évolué au fil des ans? Les relations avec les autorités éducatives françaises ont toujours été excellentes notamment et encore aujourd'hui avec le ministère de l'Education nationale qui a la responsabilité de l'homologation de nos établissements scolaires. Ces rapports de confiance se sont caractérisés par la participation de nombreuses personnalités et responsables de l'Education nationale aux divers colloques de l'AFSA/AEFA. Notre association a aussi bénéficié de coopération étroite avec le ministère des Affaires étrangères avant et après la création de l'AEFE (6 juillet 1990) et les différents directeurs ou leurs collaborateurs se sont joints à nos travaux. L'AFSA/AEFA fut donc utilisée comme un relais efficace entre l'administration de tutelle française et le réseau Etats Unis-Canada. Les programmes des colloques étaient établis conjointement et notre association était heureuse de coopérer à l'information et à la formation des collègues chefs d'établissement du réseau. Nous venons cependant de vivre un tournant important de notre histoire qui a quelque peu modifié notre fonctionnement. Il est illustré par deux faits :- la création d'un «Service des Etablissements scolaires» à Washington, sous l'autorité des services culturels de l'ambassade, prenant en charge la formation et l'animation des écoles du réseau et notamment la constitution d'un Projet pédagogique de Zone.- la diminution et enfin la suppression de la subvention de fonctionnement versée par l'AEFE à notre association, les fonds étant maintenant attribués au fonctionnement du nouveau Service. Cette mesure est compréhensible pour le gestionnaire mais elle est regrettable et elle a eu pour conséquence la diminution de nombre de nos rencontres annuelles. Son impact n'est pas décisif pour la vie de notre association, mais il est d'ordre pschologique et symbolique car cette subvention confortait le lien créé au fil des ans entre l'AEFE et l'association. L'AEFE organise maintenant, avec les services culturels, ses propres réunions de chefs d'établissements en France ou en Amérique du Nord. La suppression de la subvention de l'AEFE va-t-elle avoir un impact sur l'avenir de l'AFSA et de sa mission? Comment voyez-vous cette mission évoluer? Au vu de ces événements récents notre association a dû réflechir à une organisation plus autonome, repenser ses prérogatives et ses priorités, redéfinir son rôle en tenant compte de la structure nouvellement créée. La création du Service des Etablissements scolaires à Washington a été bien accueillie par les membres de l'AFSA/AEFA. MM. Bernard Aubert, attaché culturel en charge de ce service et Raoul Guinez, responsable premier degré, ont immédiatement souhaité reconnaître le rôle passé et présent de l'association et participent au colloque de mars 2001 à Houston. Nous avons donc pu établir ensemble un dialogue constructif et chacune des deux structures contribuera, dans le respect de sa spécificité, à jouer un indispensable rôle fédérateur, à parfaire et promouvoir un système éducatif qui place l'élève en son centre. Nous nous félicitons de cette complémentarité. Quel constat peut-on faire sur la santé actuelle des établissements à programme français en Amérique du Nord? Nos établissement sont en excellente santé, à en juger par leur succès auprès des familles françaises, américaines, canadiennes et de tiers pays qui s'y inscrivent. Nous y scolarisons plus de 20 000 élèves de toutes nationalités et les places d'accueil se font rares en maternelle! Chaque année, une ou deux écoles se créent dans le réseau à l'instigation de parents ou d'éducateurs locaux illustrant ainsi notre dynamisme pédagogique, notre capacité d'évolution et d'adaptation au milieu environnant. Quels sont les grands défis auxquels ces établissements sont confrontés? Nos défis sont nombreux: suivre et même inspirer l'évolution du système éducatif français, enrichir nos pratiques de celles du milieu environnant, stimuler et illustrer notre dynamisme pédagogique et notre créativité, adapter nos écoles au 21e siècle, aux nouvelles technologies, à la mondialisation, diffuser la culture française, être «acteurs» de son rayonnement en Amérique du Nord. Notre colloque apportera une pierre importante à cet édifice et nous retrouverons à Houston la sérénité de notre association, le plaisir d'être ensemble, la chaleur et la force de nos rencontres autour de nos prestigieux invités, conseiller culturel, sénateur, conseillers du ministre, inspecteurs ou collègues qui nous ont fait l'immense honneur de participer aux travaux. Comment se présente le congrès de Houston et qu'en attendez-vous? Nous préparons avec plaisir et confiance le 16e colloque de l'AFSA/AEFA à Houston les 9 et 10 mars 2001. Nous y accueillerons comme d'habitude la grande majorité de nos collègues chefs d'établissements et adjoints des Etats-Unis et du Canada et leurs gestionnaires. MM. Pierre Buhler, conseiller culturel, André Maman, sénateur, Nancy Willard Magaud, inspectrice déléguée pour l'Option internationale du Bac et des personnalités du lycée International de Saint-Germain-en-Laye se joindront à nous. Nous aurons deux autres invités de marque, soit M. Philippe Joutard, ancien recteur et son épouse, Geneviève Joutard, tous deux conseillers de l'actuel ministre de l'Education nationale. Une fois de plus, le programme du colloque est ancré dans la réalité locale et quotidienne des établissements membres. Nous rechercherons surtout l'efficacité, l'utile et le concret. Nous aurons le plaisir intense de faire une trêve dans nos emplois du temps surchargés pour échanger des idées sur le fonctionnement de nos établissements et la pédagogie qui nous rassemble. Quel bilan tirez-vous de votre présidence? Mon mandat à la tête de l'AFSA/AEFA fut de courte durée puisque je quitte les Etats-Unis à la fin de l'année scolaire et laisserai ma place à un(e) autre président(e). J'ai cependant le sentiment d'être arrivée à un moment clef de l'histoire de l'AFSA où s'est posé avec acuité le problème de son évolution, de ses rapports avec la tutelle des Affaires étrangères et plus spécifiquement avec l'AEFE. Il faut maintenant, comme nous l'avons montré plus haut redéfinir une AFSA nouvelle formule, plus autonome et forte de ses membres actifs et soudés, complémentaire des autres structures en place. Nous avons eu la chance de trouver au sein du Service des Etablissements français en Amérique des interlocuteurs respectueux de notre identité et prêts à participer à l'effort de notre association. Je partirai donc avec le sentiment que l'AFSA a trouvé un second souffle, qu'elle se retrouve certes - et je le regrette -sans subvention mais aussi forte et respectée que par le passé, qu'elle reste un lieu privilégié d'échanges et d'amitié. En tant que personnel de Direction l'Education nationale, j'ai eu la chance d'exercer dans une structure conventionnée (Lycée Français de San Francisco) puis dans une autre homologuée (Lycée Français de New York). Je suis, de par mon histoire personnelle et professionnelle, au cour de deux cultures qui s' enrichissent mutuellement. Je crois donc à l'importance et à la vitalité d' un réseau associatif local français auquel je souhaite une structure aussi efficace que celle de nos consoeurs américaines (NAIS). Le Colloque de Houston s'y attachera. |
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