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- Le cas du Lycée français de New YorkCet établissement, qui accueille des enfants d'expatriés et de grandes familles new-yorkaises, a un mode de gestion comparable à celui d'une entreprise. DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK Le cas du Lycée français de New York (3/29/2007) By David Barroux Si toutes les écoles de France étaient à l'image du Lycée français de New York (LFNY), l'Education nationale dégagerait des bénéfices et les professeurs toucheraient des stock-options ! Etablissement atypique, le LFNY n'est pas un établissement comme les autres. Cet établissement accueille bien quelques boursiers, mais forme pour l'essentiel des enfants d'expatriés ainsi que des fils et filles de grandes familles new-yorkaises. Et son mode de gestion est tel que ce lycée pas comme les autres peut servir de modèle d'entreprise. Cette école, où Thierry Breton (aujourd'hui ministre de l'Economie) a officié comme professeur d'informatique, compte parmi ses anciens élèves de grands banquiers (Michel David-Weill, l'ex-patron de Lazard) et quelques écrivains renommés (Amélie Nothomb). Les frais de scolarité s'élèvent à plusieurs milliers de dollars par an et les leviers de financement sont variés : comme le grand gala annuel - animé, cette année, par Lindsay Owen Jones (président du conseil d'administration de L'Oréal) - au cours duquel des dizaines de parents fortunés et généreux n'hésitent pas à libeller des chèques avec beaucoup de zéros pour venir en aide à une école paradoxalement... dans le besoin. Changement de toit Etablissement privé bénéficiaire d'aucune subvention (mis à part les sommes versées par 124 familles boursières payant tout ou partie de leur scolarité grâce à l'aide de l'Etat français), le LFNY, dont le budget de fonctionnement dépasse les 25 millions de dollars, est géré « comme une entreprise », explique son proviseur Yves Thézé en ajoutant : « Nous sommes un établissement à but non lucratif, mais nous devons quand même faire de l'argent. » Et le LFNY est depuis son déménagement, en 2003, dans ses nouveaux locaux de l'Upper East Side une entreprise endettée. Hébergé pendant plus de soixante ans dans un assemblage hétéroclite d'hôtels particuliers vieillissants de Manhattan, le lycée avait pris la décision, à la fin du XXe siècle, de changer de toit. « Dans ces bâtiments classés, on ne pouvait pas imaginer un gymnase ou une cafétéria aux pieds d'un grand escalier. Les travaux étaient soit trop coûteux, soit impossibles à réaliser », se souvient Elsa Berry, présidente depuis cette époque du « board », l'organe de contrôle de l'établissement. Pour se financer, le lycée décide alors de vendre son patrimoine immobilier. Mais même si la vente - retardée et compliquée par le 11 septembre 2001 - a permis de lever plus de 60 millions de dollars, l'établissement, qui aura dépensé 125 millions dans l'achat et la construction de son nouveau bâtiment, doit tout de même rembourser sur trente ans une dette de 94 millions de dollars (une partie de la somme récoltée lors de la vente n'a en effet pas été dépensée mais placée en garantie auprès d'institutions financières). Pour faire face à des échéances annuelles de 5 à 6 millions par an, n'importe quelle entreprise miserait sur une stratégie de croissance ou imposerait des hausses des prix. Mais le LFNY ne dispose que d'une marge de manoeuvre limitée. Même si, à la faveur de l'agrandissement des locaux et de la reprise économique, le nombre d'élèves est passé de 960 en 2001 à 1.315, pas question de doubler les effectifs. « Nous voulons rester à échelle humaine », explique Elsa Berry. Pas question non plus d'augmenter massivement les frais de scolarité. Car même si cet établissement est de 20 à 40 % moins cher que les grandes écoles privées de la capitale des affaires américaines, le LFNY reste aussi un établissement français, qui ne peut se permettre d'être trop élitiste. Or, à 18.000 dollars l'année (13.570 euros), ce lycée doit sans doute déjà pouvoir prétendre au titre d'école française la plus chère au monde ! « Pour les Français qui débarquent, c'est un choc », reconnaît Elsa Berry, banquière à la BNP Paribas dans le civil. « Ils viennent d'un pays où l'on n'a pas l'habitude de payer pour l'éducation et arrivent en plus à New York, où l'éducation coûte cher », poursuit-elle. Le choc est d'autant plus rude qu'en dépit de ses tarifs, le LNFY ne couvre qu'environ 80 % de ses frais avec les droits de scolarité. Résultat, pour boucler son exercice et disposer de ressources pour financer des bourses complémentaires (43.000 dollars levés en 1997 pour 10 élèves, contre 646.000 levés l'an dernier pour 125 élèves), le LFNY n'a d'autre choix que d'innover en tendant la main à des parents appelés à... mettre la main à la poche. Des sujets non tabous L'année scolaire est ainsi jalonnée d'une fête de printemps (100.000 dollars récoltés), d'une fête d'automne (65.000), d'une fête d'hiver autour de la patinoire de Central Park (20.000) et surtout d'un gala annuel de près de 800 couverts (à 350 dollars la fourchette, ou plus de 10.000 dollars la table), où dans l'ancien bâtiment du New York Stock Exchange, en plein coeur de Wall Street, les invités fortunés profitent d'une vente aux enchères, donnant au dîner une allure de soirée en smoking chez un grand commissaire priseur (Simon de Pury en l'occurrence), pour offrir plusieurs milliers de dollars pour découvrir de grands châteaux du bordelais (20.000 dollars pour deux) ou une babiole de chez Cartier (33.000 dollars). En une soirée, le LFNY récolte ainsi plus de 1,4 million de dollars. « Aucune école américaine ne fait mieux », se félicite Elsa Berry. L'an dernier, les pages « people » du « New York Times » avait couvert l'événement. Cette année, « Point de vue » avait fait le déplacement. Une fois la dette remboursée, le lycée ne deviendra pas gratuit pour autant. Pour être capable de rivaliser avec les plus prestigieuses écoles américaines et ouvrir ainsi les portes des grandes universités aux 80 % d'élèves qui poursuivent leur scolarité en Amérique du Nord, le LFNY veut continuer d'investir dans ce qui, au-delà de la qualité de l'enseignement, fait la réputation des « high schools ». Au menu donc, chinois dès le primaire, mais aussi équipes de sport et orchestre. Et pour bien signifier que cette école française est bien à part, le proviseur n'hésite pas à évoquer un sujet tabou dans l'Hexagone : la rémunération au mérite des enseignants. SOURCE: http://www.lesechos.fr/info/service/4556734.htm |
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